Il faut qu’on se désapprenne,
Mon amour, ma tendre peine,
Qu’on retrouve les mots perdus
Qu’on se murmure entre inconnus.
On a mêlé nos chimères
Et nos sabots dans la terre
Ont tracé des pas confondus.
Nous voici salle des pas perdus !
Amour qui s’enfuit
Cherche une prairie,
Amour qui prend l’eau
Voudrait un bateau.
V’là nos premières douleurs,
C’est grave docteur.
On se presse on se dévore
Et nos amours carnivores
Nous enferment, persiennes closes,
Entre les bougies et les roses.
Mais au fond de nos tanières,
Quand s’estompe le mystère,
On pleure sur la pierre usée,
Là où se posaient nos baisers
Amour qui s’enfuit
Cherche une prairie,
Amour qui prend l’eau
Voudrait un bateau.
V’là nos premières douleurs,
C’est grave docteur.
Dis-moi comment nous défaire,
Séparer le mur du lierre,
Retrouver le goût du hasard
À la loterie des regards.
Deux chiens perdus se rassurent,
Et se lèchent leurs blessures ;
Arrachons vite nos colliers
Avant que la peur n’ait gagné.
Amour qui s’enfuit
Cherche une prairie,
Amour qui prend l’eau
Voudrait un bateau.
V’là nos premières douleurs,
C’est grave docteur
Tu vois, il est temps de mettre
Notre amour à la fenêtre,
Nous verrons bien s’il sait voler,
S’il peut encore nous promener.
Tu vas refermer la porte,
Et ma détresse t’escorte.
J’te donne rendez-vous sur un banc,
Un matin d’été dans mille ans !
Amour qui s’enfuit
Cherche une prairie,
Amour qui prend l’eau
Voudrait un bateau.
V’là nos premières douleurs,
C’est grave docteur.