Paroles de Les faux-monnayeurs
Les Frères Jacques
Au fond d'une cave,
Y'a des gens, y'a des gens
Aux gestes lents et graves
Qui travaillent tellement
A de menus ouvrages
Que leurs cheveux sont blancs
Avant l'âge, avant l'âge...
Les faux-monnayeurs
Aiment le bon papier
Les encres de couleur
Les pages à copier.
Les faux-monnayeurs
Ne sont pas patentés
Car ils ont horreur
De toute publicité.
Ils rêvent d'aller à Dauville
Ils rêvent d'aller au ciné
Ils rêvent de sortir en ville
Sans faux cols, sans faux cils, sans faux nez
Ce sont des artistes
Un peu des aristos
Au regard doux et triste
Noyé d'indigo
Qui rêvent, qui rêvent
Qui rêvent en signant
Des liasses, des liasses
De billets d'mille francs.
De ces belles images
Qui valent tant, ces brav' gens
En f'raient bien davantage
Que le gouvernement.
Mais c'qui les décourage
Ce sont les règlements.
C'est dommage, c'est dommage...
Les faux-monnayeurs
Aiment leur bon métier
Leur rêve (un peu labeur ?)
Qu'ils font sans vanité;
Les faux-monnayeurs
Fuient la maréchaussée
Non pas qu'ils aient peur
Mais par timidité.
Ils rêves de porter haut la tête
Ils rêvent de Légion d'Honneur
Ils rêvent d'avoir la retraite
Qu'on promet aux bons vieux travailleurs
Ce sont des artistes
Un peu des aristos
Au regard doux et triste
Noyé d'indigo
Qui signent, qui signent
Qui signent en rêvant
Des liasses, des liasses
De billets d'mille francs.
Les faux-monnayeurs
Ne sont pas sans pitié
Ne manquent pas de cœur
Envers l'humanité.
Quand ils croisent un pauvre
Ils sourient tendrement
Et donnent à ce pauvre
Qui n'espérait pas tant
Leur dernier vrai de vrai
Vrai billet de mille francs.
InterprèteLes Frères Jacques
LabelBLV
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