Paroles de La centième nuit

Anne Sylvestre
C'était un p'tit chanteur des rues
Dont le modèle a disparu
Aimable et pas trop mal fichu de sa personne
Son accordéon en sautoir
Il faisait valser les trottoirs
D'une musique sans histoires celle qu'on fredonne.
Un soir que dans les beaux quartiers
Il essayait d'apitoyer
Une rombière entortillée dans ses fourrures
Il vit sortir de l'autobus
Une splendeur, une Vénus,
Un canon, une super plus, la beauté pure
Ah, j'en crois pas mes yeux,
Ah, cadeau du bon Dieu,
Ah, j'vais jouer mon vieux
L'hymne à l'amour en fa dièse faut qu'ça lui plaise
Oubliant là sa clientèle
Il la suivit mais la gazelle
Fit tricoter les jambes qu'elle avait superbes
Et sans entendre sa chanson
Quand il l'aborda sans façons,
Elle l'assassina de son regard acerbe
Elle remarqua dans un éclair
Qu's'il avait la chanson, c'est clair,
En revanche il n'avait pas l'air, l'air à la mode
Et le laissa planté tout con
Au pied d'une de ces maisons
Où on se casse le nez si on a pas le code
Ah, me laissez pas là,
Ah, j'en perdrais mon la,
Ah, j'vais vous jouer la
Reine de la nuit en fa dièse faut qu'ça vous plaise
Incapable de faire un pas
Devant son immeuble il campa
Jonglant avec les "sûrement pas" et les "peut être"
La demoiselle aux jolis yeux
Ça la chatouillait bien un peu
D'imaginer cet amoureux sous ses fenêtres,
Voyant comme il s'enracinait,
Elle lui fit passer un billet
"Si vous voulez m'attendre, c'est votre problème
Mais venez donc pendant cent nuits,
Alors je verrai si je puis
Vous ouvrir mon cœur et mon lit à la centième."
Ah, délices futurs,
Ah, divine aventure,
Ah, j'vais jouer c'est sûr
L'hymne à la joie en fa dièse faut qu'ça lui plaise
Et pendant ce printemps pourri
Sans même se mettre à l'abri
Il est venu tout attendri, monter la garde
Tandis qu'il se gèle les os
Imaginez l'autre là-haut
Bien à son aise, bien au chaud, qui le regarde
Disant : " je le croyais plus gai,
Qu'espère-t-il ? Au fond, c'est vrai
Qu'il est bien maigre et qu'il faudrait qu'il se remplume,
Il pourrait bien mourir ici,
Mais pas avant qu'il n'ait écrit
Sur mon âme une bien jolie chanson posthume."
Ah, si j'ai bien compris,
Ah, j'suis un pur esprit,
Ah, j'vais jouer pardi
Un requiem en fa dièse faut qu'ça vous plaise
Les jours passèrent cependant
Dizaine après dizaine, et quand
On approcha l’événement, la récompense,
La belle se prit à rêver,
Eut presque envie d'anticiper,
Et lui trouva des qualités de la prestance
Quand elle aperçut dans le noir du 99ème soir
Son amoureux rempli d'espoir, elle fut en transe
Mais le centième il ne vint pas
Ne me demandez pas pourquoi,
Je garderai par devers moi ce que j'en pense
Ah, ça me tente plus,
Ah, j'vous ai assez vue,
Ah, vous pouvez là-dessus,
Vous faire jouer en fa dièse la Marseillaise
Ah, ça me tente plus,
Ah, j'vous ai assez vue,
Ah, vous l'aurez voulu,
Je m'en vais dormir à l'aise en fa dièse
Majeur !
InterprèteAnne Sylvestre
LabelBLV
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