Paroles de Eugène et le vélo normal

Anne Sylvestre
C’est une petite histoire de rien du tout
Eugène, petit garçon, avait une sœur, un frère et un vélo
Sa sœur avait une passion pour tout ce qui était magique
Elle ne lisait que des contes de fées,
Possédait un tas de baguettes toutes plus magiques les unes que les autres
Et accomplissait des tours véritablement stupéfiants
Quand c’était l’heure de mettre le couvert,
Elle levait le petit doigt et hop !
Les assiettes, les couteaux, les fourchettes se mettaient en place,
Quand elle rapportait de l’école son livret, les bonnes notes s’y rangeaient toutes seules
Bref, elle était parfaitement décourageante !
Son frère, lui, n’aimait qu’une chose : le cirque
Tout ce qu’il possédait était savant :
Son chat marchait sur les pattes de devant, sa moto sur la roue arrière, son lit était dressé pour se faire tout seul,
Jusqu’à ses professeurs qui savaient ne pas l’interroger quand il n’avait pas appris ses leçons,
Bref, il était tout à fait démoralisant.
Eugène, lui, n’avait que son vélo, mais attention, un beau vélo,
Et soigné, toujours bien gonflé, rapide et tout.
Sa sœur, la magicienne, lui disait parfois : « Mais tu n’as qu’à le vouloir
Et ton vélo sera magique ! tu assiéras sur la selle,
Et il t’emmènera partout, il volera, même !
Tu iras en Amérique, en Chine, à … à Tonnerre, partout ! »
Et son frère, le dompteur, lui répétait : « Mais dresse-le, ton vélo,
Apprends lui des tours, fais le sauter sur son guidon
Danser sur une roue, et tout le monde t’admirera, on te jettera des sous ! ».
Mais Eugène répondait : « Quoi, mon vélo ?
Est-ce que j’ai besoin d’un vélo magique, moi ?
Est-ce que j’ai besoin d’un vélo savant ?
Un vélo cabochard qui va m’emmener ou je ne veux pas aller,
Un fanfaron, qui va se dresser pendant que je lèverai la main pour me gratter la tête,
Et qui le fera tomber ?
Pas question, mon vélo est un vélo normal,
Quand je l’enfourche, il attend sagement que je décide,
Quand j’appuis sur les pédales il avance,
Quand je tourne le guidon, il m’obéit,
Il est parfait, mon vélo normal ! »
Et Eugène, sagement, obstinément, garda longtemps son vélo normal
Ce qui prouve qu’on peut avoir un frère comme ci,
Une sœur comme ça et que…
Ce qui ne prouve absolument rien après tout,
C’est… c’est normal, quoi, comme le vélo d’Eugène !
InterprèteAnne Sylvestre
LabelBLV
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